Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage, de Maya Angelou
Un titre très mystérieux, une couverture frappante et une présentation très efficace par l'éditeur, il n'en fallait pas moins pour me faire saisir ce roman autobiographique de Maya Angelou, femme noire américaine qui a choisi de retracer sa vie, de son enfance à l'âge adulte, dans une Amérique marquée par le racisme et la ségrégation.
Un roman lourd,difficile, qui dit les faits, les sentiments, les pensées d'une jeune fille noire grandissant dans un univers où elle et les siens ne sont pas les bienvenus : "Si grandir est pénible pour une petite fille noire du Sud, être consciente de sa non-appartenance c'est la rouille sur le rasoir qui menace sa gorge". Nous lisons dans ce récit les faits quotidiens d'une communauté noire où le moindre changement pouvait être le signe de nouvelles terrifiantes pour les proches. Nous y lisons également les humiliations subies par cette enfant et, surtout, par ses plus proches : sa grand-mère humiliée par un groupe de petites filles blanches, son vieil oncle forcé de se cacher sous les pommes de terre et les oignons parce qu'une chasse à l'homme noir, n'importe lequel, a été lancée par les jeunes blancs suite à l'agression d'une des leurs... Plus tard, Maya et son grand frère Bailey iront jusqu'à Saint-Louis, rejoindre leur mère, puis jusqu'à Baton Rouge, avec leur père. Un parcours toujours plus vers le Sud, un parcours initiatique où la jeune fille croise différents modes de vie noirs : la soumission, la survie par le petit commerce, la pègre noire, les cercles artistiques... Comment trouver une place dans cette communauté, puis dans la société américaine dans son ensemble ? Comment passer du regard naïf de l'enfant à l'action concrète de l'adulte ? Telles sont les questions qui sont excellemment posées.
Le mode de narration, par contre, m'a laissée perplexe. De belles pages, dès le début, vives, chargées en émotion. Puis une narration plus simplement chronologique, mais dans laquelle on se perd (de qui parle-t-elle? Quel âge a-t-elle... ?) et quelques longueurs sur la vie en communauté qui, si elle semble effectivement essentielle pour comprendre l'état d'esprit de l'enfant noire, ne m'ont pas particulièrment intéressée.
En somme, pour le parcours personnel, ce livre n'est pas tout à fait convaincant. Par contre, cela reste un témoignage puissant sur le racisme des années 30 aux Etats-Unis et sur la force de caractère et la foi dont devait faire preuve la communauté noire pour survivre dignement, malgré tout.