L'Heure de l'Ange, de Anne Rice
Une entrée totalement émerveillée dans les écrits de Anne Rice avec L'Heure de l'Ange... qui amorce une nouvelle série, où il n'est plus question de vampires.
Ce récit s'ouvre sur la vie de Lucky, un tueur à gages des plus doués, des plus cruels, des plus indifférents, tout simplement parce que sa vie lui importe peu et que tuer revient à mourir lui-même un peu plus chaque fois. Le début met mal à l'aise : écrit à la 1ère personne, selon le point de vue du tueur, il nous laisse assister aux préparatifs et au déroulement d'un meurtre cruel et froid. Difficile d'entrer pleinement dans un récit de ce type, quand notre morale nous fait ressentir de la répulsion pour le personnage qui en est le centre. Et pourtant... peu à peu, des discordances se font entendre, des doutes, des voix intérieures qui, en Lucky, semblent se disputer son âme. Lucky, qui veut croire que son patron oeuvre en réalité pour les "gentils", le FBI ou autre. Lucky, en proie à de soudaines bouffées de désespoir face à son passé, ou à sa vie actuelle. Lucky qui voudrait s'en remettre à Dieu et laisse échapper quelques phrases de prières. Et Lucky qui, finalement, fait la connaissance de Malchiah, son ange-gardien venu pour lui confier une mission seule capable de sauver son âme, de racheter ses crimes...
Cette mission ? Etre propulsé au XIIIe siècle, dans une petite ville où les haines religieuses qui opposent chrétiens et juifs prennent une ampleur telle que toute une famille juive risque une injuste exécution. C'est cette famille, justement, la mission de Lucky, de son vrai nom Toby O'Dare : il doit déployer tout son talent pour la sauver.
J'ai vraiment dévoré ce roman: si le début a été difficile, car situé dans notre univers banal et dans l'esprit d'un tueur qui paraît peu intéressant, une fois la page 39 tournée, avec l'arrivée de Malchiah, puis l'entrée dans le Moyen Age anglais, il est impossible de ne pas se laisser emporter par le rythme du récit, par les vies terribles des personnages de plus en plus attachants qui croisent la route de Toby et par la mission de ce dernier. Anne Rice a vraiment du talent pour ce qui est de la peinture d'une époque : dans ce roman, les conflits religieux, leurs enjeux, toute l'ambiance d'une époque sombre et inquiétante au quotidien est vraiment bien rapportée. On voit qu'elle s'est appuyée sur des lectures et des recherches très sérieuses pour mener à bien son projet, et c'est vraiment appréciable. Par contre, je me rends compte que c'est davantage pour cette ambiance que j'ai aimé le roman, car, au final, la thématique de l'ange, si elle constitue le fil directeur du récit, n'est pas omniprésente. Il s'agit plus d'un roman à tendance historique que d'un roman fantastique, donc les amateurs d'Anne Rice pourraient être déçus...
Peut-être dans les prochains tomes...