Les Armoires vides, de Annie Ernaux
Eh bien je ne pourrai pas dire que ce texte m'a laissée indifférente. Bien au contraire...
Dans ce récit à tendance autobiographique, Annie Ernaux nous révèle sans détour comment, enfant issue d'un milieu modeste, avec des parents qui ont tout fait pour la pousser vers les études et la soutenir, elle en est arrivée à détester, à mépriser ces mêmes parents, à cause de leur médiocrité, à cause de leur ignorance. A mesure qu'elle réussit à l'école et qu'elle fréquente d'autres milieux, plus bourgeois, plus artistiques, la jeune fille sent l'écart se creuser entre ses parents et elle, jusqu'à la rupture...
Thématique lourde, dure, traitée dans un style fort dérangeant : oralité, phrases à la syntaxe malmenée, mélange de termes recherchés et de termes vulgaires... Autant être franche, jusqu'à la page 111, j'ai tout bonnement détesté. Mais, mettons de côté ce style, qui ne me parle pas et que je considère un peu comme du Céline, mais sans la profondeur. Ce qui m'a franchement retournée le ventre, ce sont les jugements de l'enfant sur ses parents, sur leur milieu, sur leur manière de vivre. Et c'est là, sans nul doute possible, la réussite d'Annie Ernaux : parvenir à provoquer ce sentiment, parvenir à nous faire mesurer la rupture, sociale, morale, qui a eu lieu entre ses parents et elle.
Un avis double, finalement, qui m'incite à lire un autre de ses récits (ça tombe bien, j'ai La Place dans ma PAL) pour étayer ma vision de cet auteur.