Mon coeur à l'étroit, de Marie NDiaye
Je connaissais déjà l’auteur à travers Hilda et La Sorcière, dont j’avais apprécié le style comme les thèmes. Ici, l’analyse des rapports humains et de ce qu’ils ont de sordide, d’étouffant, est poussé à l’extrême, jusqu’à parfois déranger le lecteur.
Mon cœur à l’étroit, c’est l’histoire d’une institutrice, Nadia, et de son mari Ange, lui aussi instituteur. Après une première union ratée, tous deux mènent une vie apparemment heureuse, tranquille, dans laquelle ils jouissent du respect de leurs proches, de leurs voisins et de leurs élèves.
Mais un jour, tout bascule. Nadia et Ange deviennent la cible d’une tension sourde, oppressante. Chacun les évite, certains les craignent, d’autres leur montrent un mépris flagrant, les insultent, les violentent, même. Pourquoi ? L’explication n’est pas fournie au début du roman, et ne sera jamais clairement énoncée. Nadia essaie de comprendre, interroge ses voisins, ses proches, mais ne recueille que plus de mystère, ou plus de mépris, même de la part de son propre fils. Obligée à un retour en elle-même, sur elle-même, sur son passé, sur ses pensées, Nadia ouvre peu à peu les yeux sur elle-même, se découvre autre, parfois à travers un portrait peu reluisant…
La lourdeur du regard d’autrui, le fardeau du remords intérieur, l’oppression de la confusion identitaire, c’est tout cela qui met le « cœur à l’étroit » et qui étouffe le personnage. Qui étouffe le lecteur également car assister à ces relations humaines pleines de ressentis, ces relations parfois perverses, dans une atmosphère que l’auteur parvient à rendre irréelle, à la frontière du fantastique, c’est assez déstabilisant, et même gênant. Marie NDiaye crée à travers ce récit un malaise qui dure et qui inquiète.
Pour ma part, j’ai apprécié être confrontée à cet autre aspect de la plume de Marie NDiaye !