Où on va, papa? de Jean-Louis Fournier
Où on va, papa, est un très court récit autobiographique qui nous rapporte les bribes de la vie d’un homme, père de trois enfants, dont les deux aînés sont handicapés.
Loin du pathos vain et de la confession larmoyante, l’auteur dépeint avec retenue, parfois même avec humour, la vie quotidienne d'un père avec ses enfants handicapés : l'annonce du handicap du premier enfant, puis du deuxième, et l'angoisse avant la naissance de la petite dernière - la répétition incessante, sans doute lassante, des mêmes gestes, parfois des mêmes phrases, jamais totalement intégrées, jamais totalement comprises par les enfants handicapés - les regards, les remarques, les jugements, même, des personnes extérieures, sur cette situation doublement douloureuse.
Cet ouvrage permet également à l'auteur de nous livrer les réflexions, les questionnements, les doutes d'un père qui tente d'adoucir au mieux le "petit tour sur Terre" de ses enfants, "petit" en particulier pour Mathieu ; il nous révèle sans détour les renonciations que doivent faire les parents, quotidiennement, et qu'on n'imagine même pas : renonciation à la musique, renonciation aux discussions après l'école, renonciation à la transmission de goûts, de valeur, et, finalement, renonciation à l'avenir...
Néanmoins, en parallèle, pour que ce livre qu'il dédie à ses deux fils ne soit pas empreint d'une tristesse excessive, l'auteur nous fait cadeau d'anecdotes précieuses, teintées d'un humour jamais déplacé, qui suggèrent que la joie pouvait malgré tout être présente.
Si j'ai aimé lire ce récit, parce qu'il évoque un thème qui me touche particulièrement, je trouve malgré tout qu'il lui manque quelque chose... La structure morcelée adoptée par l'auteur prend trop l'allure de flash, de souvenirs mis les uns à la suite des autres, sans réelle logique, sans réel fil conducteur, hormis le thème de la vie quotidienne avec des handicapés, si bien que je ne suis jamais réellement entrée dans le récit. Certes, il est difficile de pénétrer un milieu si particulier, mais j'aurais apprécié un récit plus construit.