Le Premier Mot, de Vassilis Alexakis
Un livre très étrange que Le Premier Mot d’Alexakis Vassilis… L’histoire d’un universitaire passionné par la langue, par l’écriture, dont la quête ultime sera celle du premier mot prononcé par l’homme. Quel fut ce mot ? Quelle en était la signification ? Quel besoin a poussé l’homme à parler pour la première fois ? Quelles circonstances ? Recherches, enquêtes, voyages à travers les mots, à travers les pays et leurs langues, à travers les rêves et les souvenirs des personnages. On y croise ainsi l’origine de certains termes comme… « mot », qui, paradoxalement, signifiait « silence ». On y croise l’obsession de quelques personnages pour des mots, des sons : la narratrice, par exemple, déteste le « R »… On y apprend comment dire « merci » en roumain. Car ce roman est bien une aventure humaine où les personnages ne cessent de se rencontrer, d’engager la conversation autour du langage et de ses significations et finalement, d’apporter un nouveau regard sur les mots et donc la vie.
Mais ce qui m’a le plus touchée, c’est le fait que toute cette narration constitue comme un adieu d’une sœur à son frère, adieu difficile à énoncer, à accepter. Toute cette recherche rend hommage aux travaux de Miltiadis, mais nous permet aussi de cerner ce personnage, ses relations avec les autres, avec sa sœur ; la tendresse de cette dernière, sa douleur après la mort de son frère… Quand un homme meurt, on parle souvent de ses enfants, de sa veuve… mais et ses frères, et ses sœurs ? Ils ne sont que trop rarement évoqués et c’est là, pour moi, ce qui est le plus émouvant dans ce roman.